Auguste de Chatillon
(1813-1881)

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La levrette en paletot
(La Lune rousse, n°43, 30.IX.1877)

Y' a-t-y rien qui vous agace
Comme un' levrette en pal'tot,
Quand y' tant d' gens su la place
Qui n'ont rien à s' mett' su l' dos.
 
J'ai l'horreur de ces p'tit's bêtes,
J'aim' pas leurs museaux pointus.
J'aim' pas ceux qui font leux têtes
Pass' qu'iz ont des pardessus.
 
Ça vous prend un p'tit air rogue!
Ça vous r'garde avec mépris!
Parlez-moi d'un bon bould'dogue,
En v'la-z-un qui vaut sont prix.
 
Pas lui qu'on encapitonne!
Il a comm' moi froid partout;
Il combat quand on l'ardonne;
Et l'aut' prop' à rien du tout!
 
Ça m' fait suer quand j'ai l'onglée,
D'voir des chiens qu'ont un habit
Quand, par les temps de gelée,
Moi j'ai rien, pas même un lit.
 
J'en voudrais bien crever une!
Ça m' f'rait plaisir, mais j'os' pas.
Leux maît's ayant d' la fortune,
Y m' mettraient dans l'embarras.
 
Ça doit s' manger, la levrette.
Si j'en pince une à huit clos,
J' la f'rai cuire à ma guinguette.
J' t'en fich'rai, moi, des pal'tots!


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